Voilà. Vous avez tapé le point final de votre récit. Et vous avez de quoi être fier ! Vous avez écrit votre roman ou votre scénario de film.
Mais le plus ingrat reste à faire. La relecture. La réécriture.
Comment être sûr que votre histoire fonctionne ?
Pour le vérifier, nous balaierons 4 paramètres, à mon sens, essentiels à la survie de votre texte.
Les intentions d’écriture
Nous allons rembobiner le film, si vous le voulez bien. Il y a quelques semaines de ça vous avez commencé votre rédaction. Et si à l’époque vous ne l’avez pas fait, permettez-moi de poser cette question : pourquoi ?
- Pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce projet ?
- Quelle est la thématique de votre récit ?
- Pourquoi avez-vous décidé de la traiter ?
- A quelles émotions le traitement de cette thématique vous connecte-t-elle ?
Ouh là ! Vous remontez bien loin, ma petite dame, tout ça est validé depuis longtemps !
Eh bien, raison de plus. Vous avez achevé votre manuscrit. Il est temps de vérifier que vous avez bien écrit tout ça pour ça.
C’est effectivement le moment de s’assurer que votre récit traite bien de la thématique que vous avez choisi et que vous n’avez pas dévié. Ce ne serait pas la première fois. Et c’est arrivé aux meilleurs.
C’est aussi le moment d’identifier à qui vous adressez votre récit. A mon sens il y a au moins trois destinataires.
- Il y a un destinataire intime et un peu secret dont vous ne parlez à personne. Ça peut être vous à une certaine période de votre vie, par exemple. Une ancienne version de vous-même que vous souhaitez honorer.
- Vous avez ensuite le destinataire direct mentionné dans votre dédicace : un membre de votre famille, un ami, un mentor.
- Et enfin votre destinataire indirect, le public. Mais qui est-il ? Si vous deviez le décrire physiquement et psychologiquement : comment est-il ? Imaginez que vous marchiez dans la rue et que vous le reconnaissiez. Oui ! C’est bien lui, votre public idéal. Décrivez-le !
Ok. Vous avez votre thématique. Et votre public. Voyons maintenant votre personnage.
Le personnage
La psychologie d’un personnage se construit traditionnellement autour de trois besoins humains liés au niveau conscient, subconscient et inconscient du cerveau. En plus de ces trois couches, j’aime bien en rajouter une : la dimension spirituelle.
J’appelle cette quadrature, les besoins en 4S :
- le Sacré
- le Social
- le Secret
- le Savoir-faire
Et voici ce que vous devez vous demander à propos des 4 S de votre personnage :
- Quel est son savoir-faire ? Quelle est sa fonction ou son activité ? Quel est son métier ou son expertise ?
- Quel est son secret ? Que cache -t-il ?
- Quel est son besoin social ? Qu’attend de lui sa famille, sa communauté ?
- Quel est son besoin sacré ? À quoi aspire-t-il au plus profond de lui ?
Ces 4 S sont également traversés par une polarité négative et positive. Vous vous rappelez très certainement le petit diable qui sautille sur l’épaule gauche des cartoons de Tex Avery, et le petit ange à l’épaule droite qui les ramène à la raison. Voici donc ce que cela donne.
- Que sait faire mon personnage ? Que ne sait-il pas faire ? Pour quoi est-il doué ? Pour quoi n’est-il pas doué ?
- Quel est son désir non assouvi ? Quelle est sa plus grande honte ? Son rêve inavoué ? Sa plus grande peur ?
- Quelles sont ses croyances ressources ? Quelles sont ses croyances limitantes ? À quel archétype social correspond-il ? À quelles injonctions du passé est-il soumis ?
- En quoi a-t-il foi ? En quoi n’a-t-il plus foi ? De quel côté de la Force se place-t-il ? L’ombre ? La lumière ?
Ma recommandation est de faire cet exercice avec tous vos personnages. Car dans l’intrigue chacun d’eux a un rôle à jouer. Et définir ces niveaux de besoins va vous aider à comprendre s’ils tiennent bien leur place.
Si vous souhaitez aller plus loin, je vous recommande la lecture de (Ré)concilier marketing et narration, qui détaille la théorie des 4S.
L’intrigue
Je vous invite à partir de maintenant à décomposer votre intrigue en 3 grandes parties, chacune divisée en 3 sous catégories.
Exposition :
- Routine
- Élément déclencheur
- Résistance au changement
Développement :
- Adversaire démasqué/Menace identifiée
- Plan du héros autour d’un mentor/d’une équipe
- Abandon de l’allié/Trahison du faux allié/Faux adversaire dévoilé
Résolution :
- Passage à la mort/confrontation à la déesse
- Bataille/Climax
- Révélation : héros sauvé/héros déchu.
L’exposition est traditionnellement la partie de votre histoire où l’on apprend où, comment et avec qui vit le héros. Vous le décrirez dans son quotidien [routine] en proie à une frustration alimentée par ses besoins en 4 S. L’élément déclencheur va remettre en question son sentiment de sécurité et l’obliger à sortir de sa zone de confort. À ce stade tous les êtres humains fonctionnent de la même manière, le cerveau clignote et se met en pilote automatique : « résistance au changement ».
Le développement de l’intrigue va mettre en évidence la menace et démasquer l’adversaire. À ce niveau, plus moyen de faire marche arrière, le héros s’engage dans l’aventure et élabore un plan, autour d’une équipe et/ou d’un mentor. Bien évidemment le plan parfait n’existe pas, et le héros échoue. Il élabore un nouveau plan, et ainsi de suite, jusqu’à l’entêtement et jusqu’à ce que son équipe le lâche : abandon de l’allié, trahison du faux allié, et révélation du faux adversaire.
Au terme de votre intrigue, le héros ne sait plus du tout où il en est. Ses repères ont volé en éclats, il ne sait plus à qui se fier, il entame une descente aux enfers, c’est la visite à la mort. Confronté à lui-même, il peut être amené à défier la déesse. Dans ce combat métaphysique, le héros en sort transformé et plus fort que jamais pour affronter son adversaire. L’équipe se rallie au héros. La grande bataille peut commencer jusqu’au conflit ultime, c’est le climax de votre histoire. Cette confrontation ne laisse pas votre héros indemne : soit il est sauvé, soit il est déchu. Mais en tout état de cause, ses besoins exprimés en 4S dans l’exposition seront assouvis.
Les principaux problèmes structurels
Quand un auteur confie son récit à un scriptdoctor, il y a quatre problèmes structurels qui reviennent dans la grande majorité des cas.
- La thématique
Quand je vous demande de vérifier que votre récit n’a pas dévié de votre thématique de base, c’est que c’est la première cause de déficience d’un récit. On commence par traiter de la jalousie et on finit par raconter une histoire de vengeance !
- L’état de manque du personnage
Pour qu’un personnage fonctionne, il a besoin d’être amputé psychologiquement et/ou physiquement. Quelle est sa mutilation ? Quels sont ses 4S ?
- L’incident déclencheur
Il s’agit d’un obstacle externe qui vient percuter de plein fouet un obstacle interne du héros, d’où la définition de son état de manque.
- Le passage à la mort
Joseph Campbell décrit le récit mythique comme une quête de Soi. Le passage à la mort est une étape hautement métaphorique, car elle permet au héros de mourir et renaître à lui-même. Dépouillé de son ego, le personnage perçoit sa propre vérité. A ce sujet, je vous invite à lire l’article sur l’Ennéagramme, clé de transformation du personnage, qui indique quelle passion doit combattre le héros pour se révéler à lui-même.
Pourquoi ai-je l’impression que vous me détestez ? Parce que, oui je le reconnais, tout ça représente un gros travail d’analyse.
Alors, mon conseil est de laisser passer du temps. Trois mois. Pour que vous puissiez revenir à votre texte dans un état d’esprit de fraîcheur et de disposition optimale. Mais si le temps est un luxe que vous ne pouvez pas vous permettre, faites appel à un coach en écriture scénaristique.
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